• Les victimes de Fertiladour

     

     


    DANS LE PORT... "Est-ce ainsi que les hommes... par yallah-yallah

    une bonne nouvelle :

    "Le Comité de soutien aux victimes de Fertiladour a rencontré il y a peu les experts de l’Agence régionale de santé, de la DIREECTE, de la DREAL et du groupe Timac Agro (propriétaire de Fertiladour). Les conclusions de leurs échanges sont claires : les salariés de Fertiladour ont bien été exposés à des rayonnements ionisants. L’employeur est désormais prié de fournir une liste exhaustive des salariés exposés.

    C’est une victoire ! Rappelons que plusieurs anciens salariés de la société Fertiladour, située au Boucau au Pays Basque, sont décédés. Leurs familles et le Comité de soutien se battent depuis des années pour reconnaître leurs maladies comme professionnelles. Pendant de longues années, ils ont en effet été exposés à des rayonnements ionisants émanant de l’exploitation de monazite, roche naturellement radioactive, qui a été un temps dissimulée."
    Catherine Grèze, Députée européenne du Sud-Ouest

    RAPPEL :
    Fertiladour, au Boucau, se trouve aussi à 40 km de Tchernobyl  par Ramuntxo Yallah, samedi 9 avril 2011, 19:09
    "N'importe quoi".
    Pas si sûr pourtant.
    D'un côté, l'apocalypse de l'explosion du réacteur nucléaire d'une centrale ukrainienne dans un état de délabrement consternant et criminel.
    De l'autre, un silence dont la monstruosité n'est perceptible que par ceux qui en ont souffert, ou qui se sont plongés dans les dossiers techniques.
    Le lien entre les deux semblera indécent pour ceux dont la lecture du monde est dictée par l'émotion, et elle seule, qui jette des dizaines de chiffres reliés à du sang versé, et des images choc.
    Il n'y a pas d'images choc de Fertiladour. Et il n'y a pas d'images choc autour de Tchernobyl, quand auront été finalement assez peu filmés les vies quotidiennes dans les zones éloignées de 30 km de la catastrophe.
    Ces zones ont été définies par l'activité massique des terres, polluées par les radiations après l'explosion.

    600.000 becquerels par m2.

    A l'intérieur de cette zone, la vie y est surveillée, et les habitants ont été prévenus : leur existence est possible, scientifiquement possible, mais la pression sur leurs vies ne baissera pas d'un cran.

    En 1998, le laboratoire ANTEA qui débarque sur les lieux mesure l'activité massique des terres contaminées de Fertiladour.

    500.000 becquerels par m2.

    Pas d'images choc, mais un choc tout de même.
    L'endroit n'est pas vivable, ca tombe bien, c'est le cas, mais un ouvrier entre 1973 et 1992 y passe 1.800 h par an.
    Largement suffisant pour être en situation de danger.
    Les analyses des radiations par elles-mêmes, issues des terres broyées et mélangées à la couche végétale sur place, affolent également les compteurs Geiger.

    On y mesure 30 µSv/h au contact, et jusqu'à 50 µSv/h.

    Multipliée par 1.800 h par an, puis par 5 ans, cette valeur de 30 µSv/h provoque une exposition de 27 mSv sur cette période.
    Pour comparaison, en Ukraine, la délimitation des villages "que l'on peut habiter" est fixée par les autorités à un maximum de 35 mSv pour 5 ans, et détermine donc cette zone des 30 km.
    A la louche, avec ce que l'on a mesuré à Fertiladour, on doit pourvoir "se situer" à 40 km du réacteur.
    Fertiladour vs Tchernobyl, ce n'est donc pas "n'importe quoi".
    La confirmation la plus récente de la monstruosité du silence qui entoure ce site a été apportée par le laboratoire de l'ACRO, qui, à l'été 2010, a réalisé une contre-étude accablante de l'état réel du site après "assainissement", et qui vient de publier sa revue trimestrielle ACRONIQUE.
    Sur 36 pages, 22 sont consacrées à Fertiladour, et ce sujet est en Une de leur N°92.

    A leur connaissance, il s'agit du 2ème cas le plus important de contamination radioactive d'un site industriel, après le cas du site Orflam, à Parcy, lui aussi pollué par du thorium, comme au Boucau.
    Là-bas, dans la Marne, le site est désormais bunkérisé et interdit d'accès, et toutes les surfaces attenantes aux ateliers ont été recouvertes de 4 à 5 mètres d'argile.
    En janvier 2011, à proximité de là, un propriétaire d'une parcelle voisine a vu débarquer la gendarmerie et des spécialistes de l'ANDRA, venus mesurer la radioactivité de son terrain officiellement "dépollué" par un mètre d'argile et de terre qui y avait été déposé par le vendeur.
    Le propriétaire actuel l'avait acheté pour y faire pousser un verger, "pour ses enfants".
    Et il s'est retrouvé abattu, la tête dans ses mains. Impossible de manger ses pommes, trop contaminées. On y a relevé des valeurs de radiation inférieures à celles que l'on trouve encore aujourd'hui à Fertiladour.
    "On ne pourra pas en faire un potager", m'avait confié le directeur de Fertiladour en septembre 2008.
    La seule vérité que j'ai entendue de lui. "