• Les bonnets rouges et les sans-couilles

     

     Les bonnets rouges et les sans-couilles

    Ah ils aiment ça, les médias ! Qu’ils sont télégéniques ces Bretons coiffés de bonnets rouges qui se castagnent avec les CRS !

    Les images ont tourné en boucle sur toutes ces télés inextinguiblement avides de sensationnel. Cette avidité les pousse aux pires âneries (comme d’envoyer des dizaines de journalistes au Kosovo pour poser des questions psychédéliques à une gamine rom de 15 ans, évidemment dépassée par les événements), mais en plus ils peuvent arranger les histoires pour les raconter comme ça les arrange… Quitte à prendre quelques libertés avec la réalité. Comme ici, en l’occurrence : “ah, les pauvres paysans bretons, gagnés par le désespoir du ras le bol fiscal…

    Revenons aux faits. Samedi dernier, une grosse poignée de paysans Bretons (étaient-ils tous paysans ? J’ai comme un doute, le pauvre gars qui s’est fait arracher la main était… carrossier !) s’est mis en tête de bousiller le dernier portique “écotaxe” encore debout, à Pont de Buis, dans le Finistère. Le dernier, parce qu’ils avaient déjà pété tous les autres. Ils ont aussi saccagé la RN 165, la 4 voies qui relie Brest et Quimper, arrachant les barrières de sécurité et abimant le bitume avec des feus de pneus. Qui va payer tout ça ? Pas eux, en tout cas.

    Autre grosse tradition agricole bretonne, ils ont déversé des tonnes de choux-fleurs, une mesure particulièrement finaude quand on connait le nombre de Français qui n’ont pas de quoi bouffer, sans même parler du milliard de crève-la-faim sur terre.

    Rappelons aussi que l’écotaxe est une mesure adoptée lors du “Grenelle de l’environnement”, donc par l’UMP et Borloo qui en sont pourtant désormais les plus farouches opposants. On ne peut que constater à quel point ces mecs sont des jean-foutres que le ridicule ne tue pas… Le principe était de taxer les poids lourds au kilomètre parcouru, afin de leur faire payer la remise en état des routes secondaires qu’ils défoncent impunément, et surtout de favoriser des moyens de transport plus acceptables écologiquement. Dans l’absolu, cette mesure n’est pas seulement une bonne mesure, c’est une obligation absolue dans un monde où l’environnement est notre ultime richesse, que les pratiques capitalistes ultraproductivistes détruisent chaque jour un peu plus dans un lent suicide apparemment inexorable.

    Evidemment, il aurait peut-être fallu mettre à profit les 5 ans qui se sont écoulés depuis le “Grenelle” pour réfléchir aux modalités d’application, et établir clairement qui devait payer combien. On s’est précipité pour passer un contrat avec un consortium privé détenu à 70% par une société italienne d’autoroutes (on continue à marcher sur la tête) pour qu’elle installe une débauche de matériel pour un coût exorbitant de 800 millions à 1 milliard d’euros. Pognon que l’État (c’est-à-dire les contribuables bretons, avec ou sans bonnet rouge, et non-bretons) devront rembourser si le barnum ne se fait pas. On apprend aussi que cette société était assurée de toucher 2,8 milliards d’euros (soit près de 5000 euros par agriculteur français, breton ou non…) en l’espace de 11 ans et demi. On vit une époque réellement formidable. La seule chose qu’on ne sait pas, c’est combien a été versé sur les comptes suisses ou panaméens des politicards félons qui ont signé cette saloperie…)

    Au passage, ne pouvait-on pas obtenir un résultat semblable pour un coût quasiment nul, en taxant simplement le gasoil des poids-lourds ?

    On pouvait aussi prévoir que taxer le transport polluant uniquement sur le territoire français, sans prendre en compte les trajets internationaux en provenance d’Asie ou d’Amérique du Sud est une stupidité sans nom. Tant qu’à faire les choses correctement, chaque produit vendu en France devrait être frappé (ou non) d’une taxe qui permettrait de prendre en compte son impact environnemental, et idéalement son impact social. Bien sûr ce n’est pas simple, mais si on me donne 800 millions d’euros, je pense pouvoir y arriver… Et ils seraient très vite rentabilisés… Sauf que nous ne sommes plus maîtres chez nous, que l’UE et les gendarmes du monde ultralibéral (comme l’OMC) veillent : pas d’entrave au libre échange !

    Mais ce n’est donc pas comme ça qu’on nous a présenté les choses.

    D’abord les “bonnets rouges” sont des Bretons. Je suis bien placé pour savoir qu’on prête aux Bretons certaines caractéristiques : têtus sinon obtus, impossibles à faire changer d’avis, imperméables à toute argumentation rationnelle, disant ce qu’ils pensent en faisant fi de toute diplomatie… En tout cas, comme les Corses, les Basques, ou quelques autres peuplades régionales, les Bretons sortent du lot et capitalisent de la sympathie, ou du moins de l’intérêt.

    Je ne sais pas qui les instrumentalise, ces “bonnets rouges”. mais il suffit de jeter un œil à Twitter pour voir que leur révolte a été récupérée bien au-delà de la Bretagne, que ses soutiens sont des partisans de l’UMP ou du FHaine, qui assimilent cette jacquerie au “ras le bol fiscal”. Ils n’ont rien à foutre des Bretons en tant que tels, mais ils sont prêts à s’associer, la bave aux lèvres, à tout ce qui peut nuire aux “socialistes”. Les bonnets rouges ont été récupérés par ce que Le Monde appelle la “droitosphère”, ce mélange nauséabond de tous les réacs, fachos et libéraux, autour de thèmes de droite comme le nationalisme, la lutte contre les impôts, contre le “mariage pour tous” ou contre l’islam.

    Franchement, quand vous voyez ce grand bourgeois grotesque de Copé, franc comme Bernard Tapie monté sur un âne qui recule, soutenir les paysans Bretons, ça ne vous choque pas ? Déjà qu’il répète trois fois par minute qu’il est maire de Meaux pour mieux dissimuler qu’il habite en réalité les beaux quartiers de Paris, vous l’imaginez avec ses mocassins à glands dans les champs de choux-fleur ou d’artichauts du côté de Saint Pol de Léon ? C’est à peu près aussi crédible que Balladur qui soutiendrait les mineurs lorrains.

    L’organisateur revendiqué de cette sympathique sauterie s’appelle Thierry Merret, c’est un producteur d’artichauts et d’échalotes, et il est surtout le président de la FDSEA du Finistère. La FDSEA, ça vous dit quelque chose ? Les productivistes, les rois du cochon industriel nourri au soja OGM argentin, du poulet en batterie mou et insipide, des nitrates, des légumes farcis de pesticides. Ceux qui ne peuvent pas blairer les vrais paysans, les partisans du bio.

    Ses bonnets rouges lui ont été fournis par le patron d’Armor Lux, celui qui a fait de Montebourg le mannequin et VRP de ses produits, celui qui joue lui aussi de l’image de la Bretagne, alors que la plupart de ses produits sont fabriqués à l’étranger, notamment au Maghreb. Il serait assez croquignol que ces bonnets vénérés par le FHaine soient fabriqués en Tunisie.

    Cette histoire de bonnets rouges pue donc la comm et le marketing. Comment donner un air sympa à des casseurs manipulés. Tout en rappelant un triste épisode de l’histoire Bretonne, une révolte de paysans en 1675, déjà exaspérés par les impôts levés par Colbert (le Moscovici de l’époque) pour payer les guerres de Louis XIV. L’histoire s’était d’ailleurs mal terminée : la révolte avait été noyée dans le sang.

    Avec Hollandréou, aucun risque. Au moment où j’écris ces lignes, j’apprends qu’il vient d’envoyer Zayrault annoncer qu’il jetait l’éponge. Qu’il remettait l’écotaxe aux calendes grecques (en jouant, dans son style faux-derche si caractéristique, sur les mots entre “suspension” et “suppression”). Ce gouvernement de sans-couilles inféodés aux banksters et à tous les lobbies n’a aucune ligne politique. Le pédalo balotte dans la tempête comme une coquille de noix, et le capitaine bricole et improvise, c’est tout ce qu’il sait faire. En plus il a le cul bordé de nouilles, la libération de quatre otages va lui permettre à bon compte d’amortir le choc.

    Même si les Bretons ont naturellement une tendance grégaire dès lors qu’ils s’agit de défendre leur identité, et qu’un sondage affirme que 74% d’entre eux soutiennent les casseurs ruraux, j’aimerais bien connaître la question du sondage et savoir si ceux qui ont répondu ont bien pesé leur réponse.
    Car les Bretons sont loin d’être tous convaincus par ceux qui ne sont rien d’autres que des larbins de l’industrie agroalimentaire.

    Les casseurs ruraux, qu’ils soient agriculteurs, pêcheurs, chasseurs, sont parmi les plus violents, et bénéficient d’une quasi-impunité. Le meneur de Pont de Buis, qui est un récidiviste, parade devant les télés, mais n’a même pas été inquiété. Alors qu’un jeune branleur pris en flagrant délit de mettre le feu à une poubelle est immédiatement envoyé au commissariat. Les campagnes sont une zone de non-droit, comme certaines banlieues. Rappelez-vous l’incendie du parlement de Bretagne à Rennes en 1994 par des pêcheurs qui avaient détruit ce monument historique. Ou le saccage des bureaux de Dominique Voynet par 5 agriculteurs. Personne n’est allé en prison.

    Les agriculteurs bretons sont évidemment des victimes. Il est inconcevable que cette profession, la plus utile au monde, et l’une des plus contraignantes, ne soit pas mieux récompensée, socialement et pécuniairement.

    Victimes de la mondialisation, d’abord. Comme l’ont été avant eux ceux de l’industrie. Les éleveurs de poulet souffrent de la concurrence du poulet… brésilien. L’usine finistérienne de Marine Harvest à Poullaouen, qui transformait le saumon d’élevage norvégien en saumon fumé, va être délocalisée en… Pologne. Les 10 millions de cochons bretons vont désormais se faire occire ailleurs, poussant les abattoirs locaux à la faillite. C’est en partie à cause de la main d’œuvre bon marché en Allemagne (il n’y a pas de SMIC) où des immigrés polonais ou roumains travaillent pour quelques rondelles de saucisson dans les abattoirs teutons. Et l’affaire rocambolesque des lasagnes au cheval l’a montré de manière éclatante : les donneurs d’ordre vont au moins cher, la qualité ils s’en foutent, le social encore plus : la merde et l’exploitation sont la norme.

    Vous voulez une histoire drôle ? À cause des esclaves originaires d’Europe de l’est qui le concurrencent en Allemagne, l’abattoir GAD de Lampaul-Guimiliau, dans le Finistère, va fermer, 889 personnes vont être licenciées, et les activités vont être transférées dans l’autre abattoir du groupe à Josselin, dans le Morbihan. On a même pu voir des images pitoyables de salariés des deux sites qui se battaient entre eux.
    Mais à part des salariés Bretons, devinez qui le groupe GAD peut bien employer : je vous le donne Emile : des intérimaires… roumains, fournis par une agence d’intérim… roumaine.  On cauchemarde éveillé. Pendant que Manuel Valls tente de nous faire croire qu’une poignée de Roms serait un grave danger pour la France, des patrons cyniques emploient en toute impunité, et même en toute légalité, des esclaves roumains dans un pays qui compte plus de 5 millions de chômeurs français. Et les deux phénomènes (l’afflux des esclaves de l’est et le nombre de chômeurs français) ne cessent de s’accentuer.

    Europe, mondialisation, dumping social. Rien de spécifique à la Bretagne donc. Sauf que tout comme les “socialistes”, l’UMP qui soutient les paysans a voté tous les traités européens. Et les accords de l’OMC, qui s’appelait auparavant GATT. D’ailleurs le président du groupe de droite (PPE, incluant l’UMP) au parlement européen est un certain Joseph Daul, ancien vice-président de la FNSEA, et à ce titre roi des productivistes pollueurs subventionnés. Cherchez l’erreur.

    Bien avant d’être victimes de taxes iniques, les paysans sont surtout victimes d’un phénomène vieux comme le monde, mais qui ne fait que s’amplifier dans notre monde moderne : l’exploitation par des bandes organisées de margoulins.

    On connaît les prostituées, qui font un boulot que chacun reconnaîtra comme pas facile, et sur le dos desquelles des proxénètes vivent grassement.

    Des hôteliers, des restaurateurs, se voient aujourd’hui délestés d’une partie de leurs revenus par des parasites qui se contentent de confectionner des coffrets-cadeaux ou de piloter des sites internets (tripadvisor, booking, lafourchette…) par lesquels ils ponctionnent sans en branler une le pognon de celui qui effectue seul le vrai travail. Pire, ils sont aujourd’hui les vrais patrons de ces filières dont ils retirent parfois des fortunes, et ont le droit de vie ou de mort sur leurs nouveaux esclaves.

    Les paysans, c’est pareil. Ils se sont enfoncés dans les griffes des banksters, des marchands d’engrais, de pesticides ou de semences, des traders de bouffe, dans celles de la grande distribution. Les agriculteurs n’arrivent plus à joindre les deux bouts, monsieur Mulliez, patron d’Auchan est milliardaire.

    Et le plus drôle, c’est qu’ils accusent le fisc…

    Le fisc, c’est pourtant le meilleur moyen que je connaisse pour réparer ce genre d’injustice. Mais il ne fait manifestement pas son boulot. Au niveau mondial, les fameux 1% (par opposition aux 99%), les plus riches, détiennent 43% de la richesse mondiale. À part ça il y a trop d’impôts. Non, il n’y en a pas trop, ils sont simplement mal répartis.

    Se plaindre de harcèlement fiscal, passer sa vie à tenter de se soustraire à l’impôt, c’est un sport de riches. Un infiltré dans les réunions du “premier cercle” de l’UMP, ces rupins cyniques qui comptent parmi les plus gros donateurs de Sarkozy, avait été effaré de voir que c’était leur seul sujet de conversation. Alors instrumentaliser les pauvres pour râler contre les impôts, c’est surtout un délice de riches. Un peu comme un maroquinier qui enverrait des crocodiles défendre ses intérêts.

    Pourquoi les bonnets rouges ne vont-ils pas plutôt saccager le Crédit Agricole, les grandes surfaces, Monsanto, les institutions européennes ou le siège de l’OMC, plutôt que de gaspiller la nourriture et détruire du matériel public ?

    Ils pourraient même, s’ils voulaient bien aller plus loin que cette colère primaire et instrumentalisée, réfléchir à leur avenir. Comprendre pourquoi plus du tiers des poulets français, et plus de la moitié des cochons se trouvent en Bretagne, la rendant dépendante de ces activités, la mettant à la merci de la moindre baisse des cours ou des subventions.

    Ce serait sans doute trop leur demander que d’enlever la pince à linge qu’ils ont sur le nez dès qu’il est question d’écologie.

    Depuis des décennies, des milliers de Bretons ne peuvent plus boire de l’eau du robinet, saturée de nitrates. Les algues vertes qui prolifèrent sur les plages font fuir le touriste. Les couards de politiciens, comme le pompeux guignol Fillon, ont une telle trouille des paysans qu’ils refusent de désigner les coupables, et se contentent d’un nettoyage perpétuel des plages, aux frais du contribuable. C’est normal, ça ? Pire, ils leur donnent en douce des autorisations scélérates pour étendre leurs activités mortifères. Lire encore ici la bassesse du député UMP Le Fur.

    Des producteurs bretons de poulet avouent refuser de manger leur production. Ils sont évidemment les mieux placés pour savoir quelle merde on leur fait produire. Et cela ne déclenche pas de signal d’alarme chez quiconque ?

    La Bretagne doit réorienter sa production vers la qualité, vers le bio. Se détacher de l’agrochimie pour en revenir à l’agriculture paysanne. En faisant de la merde la moins chère possible, non seulement on ne peut plus vivre, mais on trouvera de toute façon pire et moins cher que soi. Et à quoi bon financer un logo “produit en Bretagne” s’il est synonyme de “bouffe de merde” ?

    Bien sûr le gouvernement doit aider l’agriculture. Cela devrait commencer par l’interdiction des aberrations comme l’importation de poulet du Brésil, ou de bœuf aux hormones des États-Unis ou du Canada. Non mais franchement ! Importer du poulet du Brésil ! Quel intérêt ? Faire traverser l’Atlantique à du poulet industriel alors qu’on sait fort bien en produire du bon, localement.

    Les Bretons pourraient regarder juste de l’autre côté de la “frontière”, chez les Sarthois de Loué. Leur poulet dit “fermier”, élevé dans de meilleures conditions (ce n’est pas difficile), mieux nourri, vivant deux fois plus longtemps, est forcément meilleur et se vend bien plus cher.

    Les mêmes UMPS sont actuellement en train de négocier des accords de libre échange avec les États-Unis et le Canada, qui conduiront à court terme à retrouver dans nos assiettes du boœuf farci d’hormones, et élevé dans des conditions épouvantables (lire absolument à ce sujet le livre Fast Food Nation d’Eric Schlosser…)

    Les “bonnets rouges” sont avant tout victimes de la folie de Hollandréou et Moscovici, ces félons qui ont signé le traité Merkozy, actant notre allégeance aux banksters. Après cette signature, il n’y avait plus rien à faire, sinon taxer tout et n’importe quoi pour respecter le calendrier de remboursement de la prétendue dette qui nous étouffe. J’avais écrit ce billet il y a un an, je n’ai pas un mot à changer.

    Mais ce que confirme cette affaire, c’est que Hollandréou est le pire anti-écologiste que l’on ait vu au pouvoir depuis longtemps. Même Sarkozy avait fait semblant, à l’époque où c’était à la mode. Avant que le naturel ne reprenne le dessus, et que le “Grenelle de l’environnement”, d’où est issue l’écotaxe, ne soit largement jeté aux oubliettes. Vous vous en souvenez, de la promesse de geler les constructions d’autoroutes ? Aujourd’hui, le tout-routier est de retour, et vient de remporter une autre victoire !

    Hollandréou ne comprend rien à l’écologie, cette écotaxe n’a pour lui rien d’écolo, c’est une connerie de plus, un truc mal ficelé, dont le seul but est de contribuer au racket des banksters, comme la taxe sur les centres équestres, les chambres à air ou les rhododendrons.

    Quoi qu’il en soit, ce nouveau renoncement est un signal catastrophique, après l’abandon de la taxe carbone par Sarkozy (“L’environnement, ça commence à bien faire”).
    Il ne sera plus possible de faire passer la moindre réforme relevant de la fiscalité écologique.
    Rappelons pourtant que le but de la fiscalité écologique est de réorienter l’économie vers les pratiques vertueuses au détriment des plus polluantes qui menacent la planète à court terme, en taxant les secondes pour subventionner les premières, dans une démarche fiscalement transparente.

    Ce gouvernement “socialiste” n’est qu’un ramassis de dinosaures productivistes, de cette variété caduque qui attend toujours comme un sauveur l’impossible retour de “la croissance”, comme les vieilles bigotes attendent depuis 2 siècles le retour de Jésus-Christ. Inutile de préciser que dans les deux cas, ils peuvent toujours attendre. Jamais on n’a vu un gouvernement à ce point aveugle sur l’avenir de notre environnement.

    Enfin, que font encore ces lopettes d’EELV au gouvernement ? D’écologistes, ils n’en ont que le nom. Ce ne sont que d’ambitieux carriéristes, sur le modèle du caricatural Placé. Un peu comme ces “communistes”, qui trahissent le Front de Gauche, alléchés par la soupe socialiste parisienne et… un poste de sénateur ! Les convictions, pour ces gens-là, ça n’existe plus.

    Comment rester dans un gouvernement anti-écologique à ce point, qui vous fait avaler Notre-Dame des-Landes, l’éviction de Nicole Briq sur ordre des lobbies pétroliers, celle de Delphine Batho dès qu’elle a osé l’ouvrir pour la première fois, les romeries de Valls, les cadeaux patronaux, le nouvel assaut contre les retraites, la guerre pour l’uranium d’Areva au Mali, la non-fermeture de Fessenheim, le maintien des centrales jusqu’à 60 ans, et maintenant le rejet de l’écotaxe ?

    L’écologie politique, qu’on a cru voir prendre son envol il y a quelques années, est en train de s’écraser le bec dans l’eau farcie de nitrates, de pesticides et de pyralène. Les Verts, devenus EELV, ont connu quelques succès électoraux prometteurs. Qui leur ont hélas fait tourner la tête. Regardez Cécile Duflot, naguère d’apparence si sincère lorsqu’elle était dans l’opposition. Victime du pouvoir, c’est devenu une chiffe molle, une coureuse de postes, une distributrice de légions d’honneur, et sa langue de bois égale celle de Copé, une référence. Ce parti n’existe plus, il est totalement et définitivement discrédité, il va imploser.
    L’autre alternative, à laquelle on aurait voulu un peu plus croire, c’était le Parti de Gauche, bâti sur une base moderne et visionnaire d’éco-socialisme. Mais comme c’était hélas prévisible, l’alliance de la carpe et du lapin qu’il a formée avec le productiviste, préhistorique et moribond parti communiste, ne résistera pas à l’appel de la soupe socialiste. Le falot Pierre Laurent n’a pas compris que sans Mélenchon, il ne vaut rien. 1 ou 2%, le score de Marie-George Buffet à la présidentielle de 2007. Hélas Mélenchon sans la logistique et l’expérience des militants communistes, ne vaut guère plus, malgré un talent et un charisme incomparablement supérieur. Un plat de lentilles parisien acte la séparation. Le seul parti à même de proposer des solutions novatrices et réfléchies va peut-être connaître le même déclin que le NPA.
    C’est désespérant. Ne sommes-nous réellement qu’une poignée à voir l’impasse de la vaine quête de la “croissance”, à sentir venir le “peak everything”, à comprendre la nécessité urgente d’un changement total de politique en faveur de l’humain et de son environnement, quitte à froisser légèrement les banksters, les multinationales et leurs larbins qui nous gouvernent ou nous “informent” ? À passer pour des fous auprès des drogués aveugles qui constituent la majorité de l’électorat, ceux auxquels on arrive à faire croire que les principaux dangers qui les menacent sont le fisc, les Roms et la non-qualification pour la coupe du monde ?

    J’en ai bien peur.

    blog de Superno - Jamais content, jamais d'accord, mais toujours prêt à le dire !

     Les bonnets rouges et les sans-couilles