• A quoi joue le ministre de l'intérieur ?

     

     A quoi joue le ministre de l'intérieur ?

    Extradition vers l'Espagne

    Un banal contrôle routier. C'est ainsi qu'Aurore Martin, militante basque de 33 ans, a été arrêtée jeudi vers 16 heures à Mauléon, d'où elle est originaire. La jeune femme, qui s'est rendue sans résistance, a dans un premier temps été transférée à la gendarmerie de Pau, auprès de la Section de recherches, avant d'être remise vers 20h30 aux autorités espagnoles. C'est la première fois qu'un ressortissant français est extradé de l'autre côté des Pyrénées pour des faits liés aux affaires basques. 

    Que lui reproche-t-on?

    La jeune femme était sous le coup d'un mandat d'arrêt européen depuis octobre 2010 "en vue de poursuites pénales pour des faits de participation à une organisation terroriste et terrorisme". On lui reproche notamment d'avoir participé à des réunions publiques du parti Batasuna, légal en France, mais interdit en Espagne en raison de ses liens présumés avec le groupe séparatiste ETA. A l'époque, ce mandat avait suscité une levée de boucliers au Pays basque, pour dénoncer une procédure d'"extradition" d'une Française basée sur des faits qui sont parfaitement légaux en France, où Batasuna a pignon sur rue et où ses militants s'expriment librement.  

    La jeune femme, qui a épuisé toutes les voies légales de contestation de ce mandat, devrait être rapidement présentée à l'Audience nationale espagnole à Madrid, le tribunal habilité à gérer ce genre d'affaires. Selon le quotidien Sud Ouest, il peut désormais prendre trois types de décision: une libération sans charge, une libération assortie d'une caution, ou une incarcération. La militante risque jusqu'à 12 ans de prison pour son implication dans le mouvement. 

    Nous demandons (et nous ne sommes pas les seuls) la libération immédiate d'Aurore Martin. Cela suffit le bricolage !

    La réaction de BIZI :

    Le mouvement Bizi ! dénonce avec la plus grande fermeté l’extradition vers l’Espagne et l’incarcération de la militante de Batasuna Aurore Martin.

    « Inacceptable pour tout démocrate conséquent, dangereuse pour les libertés publiques et profondément inquiétante pour toute personne sincèrement attachée au processus de paix qui tente de faire son chemin en Pays Basque » : voilà comment le mouvement altermondialiste basque Bizi ! qualifie la décision du gouvernement PS d’extrader et de permettre l’incarcération d’une personne poursuivie uniquement pour sa participation aux activités publiques (conférence de presse, articles d’opinion) d’un parti politique pourtant légal en France et risquant 12 ans de prison pour cela en Espagne.

    Déjà cette même semaine, le ministre de l’intérieur Manuel Valls avait posé un acte profondément anti-démocratique en déclarant qu’« Il n’y aura pas de structure administrative basque (« en Pays Basque de France »), nous ne voulons pas ouvrir ce débat. Les choses sont claires dans notre esprit et tant qu’ETA n’aura pas restitué ses armes nous demeurerons inflexibles (Interview au quotidien El Pais du 29 octobre)». Comment peut-on remettre dans les mains d’une organisation armée l’avenir institutionnel d’un territoire de la République, l’ouverture d’un débat démocratique à son sujet et la réponse à donner aux demandes majoritairement et pacifiquement exprimées par ses élus et ses représentants socio-professionnels ? La position de M. Manuel Valls est ubuesque, anti-démocratique et anti-républicaine ! Beaucoup auraient demandé la démission d’autres ministres pour moins que ça !

    Bizi s’indigne d’une telle dérive répressive, que l’on voit également à l’oeuvre aujourd’hui à Notre Dame des Landes, où le gouvernement socialiste envoie ses gardes-mobiles déloger les habitants et raser les maisons afin de construire un nouvel aéroport contesté par la population locale mais voulu par le premier ministre M. Ayrault ; grand projet imposé, inutile et irresponsable sur le plan de la lutte contre le basculement climatique.

    Bizi s’inquiète de la politique de ce gouvernement qui semble vouloir détourner l’attention et le débat citoyen des vrais problèmes (réponses à apporter à la crise économique, sociale et écologique au niveau global, débat sur la collectivité territoriale à statut particulier et processus de paix au niveau local) en posant des actes mettant en péril la paix, la convivialité et les libertés fondamentales.

    Nous en appelons à la raison, à l’encouragement des voies pacifiques et à la construction de solutions concertées, humanistes, démocratiques et respectant les populations locales. Bizi demande la libération immédiate d’Aurore Martin et appelle les gouvernements français et espagnols à répondre positivement aux espoirs suscités par l’arrêt de la lutte armée en Pays Basque.